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Vrai ou faux Faut-il s'attendre à un hiver glacial en raison de la présence d'une bulle d'air froid actuellement en Arctique ?

Article rédigé par Quang Pham
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une route enneigée à Caen (Calvados), après une tempête de neige, le 12 mars 2013. (CHARLY TRIBALLEAU / AFP)

La présence d'une masse d'air très froid au pôle Nord en novembre est un phénomène météorologique normal qui ne peut pas être interprété comme un signe annonciateur d'un hiver rude, préviennent les météorologistes. 

L'hiver sera-t-il rude après un été indien aux températures particulièrement élevées C'est la crainte évoquée le 15 novembre sur Twitter par Mac Lesggy, le présentateur de l'émission "E=M6"En cause, écrit l'animateur, la présence d'une "bulle d'air froid arctique (...) beaucoup plus importante que l'année dernière, laissant présager, après une année anormalement chaude sur l'hémisphère nord, un hiver rigoureux".

Pour étayer ses dires, Mac Lesggy, ingénieur agronome de formation, partage la publication d'un ingénieur en chimie, Heinrich Leopold, présentant des cartes météo illustrant le phénomène. Issus du site de prévisions météorologiques meteociel.fr, ces relevés affichent bien des températures particulièrement basses, de -84 °C autour du pôle Nord, pour le 1er décembre. Une météo "15% plus froide" que l'année précédente, ce qui est, selon l'ingénieur, un signe précurseur d'un "méga hiver". Cette "bulle d'air froid" est-elle pour autant vraiment annonciatrice d'un hiver glacial ? Franceinfo fait le point avec plusieurs météorologistes.

La publication de Mac Lesggy. (CAPTURE D'ECRAN TWITTER)

Un phénomène météo courant

Interpellé par plusieurs météorologistes, le présentateur d'"E=M6" a rapidement retiré sa publication de Twitter. "Gaetan Heymes de Météo France me signale que cette prévision ne repose sur rien, je supprime donc le tweet afférent", écrit le 16 novembre l'animateur. 

Si chaque hiver, confirme effectivement Christophe Cassou, climatologue, directeur de recherche au CNRS et membre du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), "une masse d'air froid ceinturée par des vents très puissants" se constitue bien au niveau du pôle Nord, le phénomène n'est pas pour autant "anormal". Il s'agit d'un "vortex polaire", explique-t-il. C'est-à-dire un vaste tourbillon d'air froid qui se forme dans la stratosphère, entre 10 et 50 km d'altitude. Le refroidissement actuellement constaté en Arctique  ne peut être en soi considéré comme le signe précurseur d'un hiver rigoureux. souligne le climatologue. Si, au-dessus de l'Arctique, l'air se refroidit considérablement à partir d'octobre-novembre,"c'est tout simplement parce qu'en hiver, il n'y a pas de soleil aux latitudes polaires", explique Christophe Cassou.

Vidéo d'archive: un vortex polaire secoue les Etats-Unis ( 31 janvier 2019 )

A l'inverse de ce qu'affirme la publication d'Heinrich Leopold, "un vortex plus froid et plus puissant favorise en fait des températures plutôt chaudes en Europe", fait remarquer le climatologue. A pleine puissance, le vortex polaire est lié à un vent d'ouest qui envoie en Europe un air chaud en provenance de l'Atlantique. Des masses d'air océaniques qui apportent de la "douceur" au climat européen, précise Thierry Lefort, prévisionniste à Météo France. Au contraire, quand "le vortex faiblit et que l'air stratosphérique se réchauffel'air froid contenu habituellement dans les zones polaires peut se déplacer vers l'Europe et éventuellement être à l'origine de vagues de froid", complète Christophe Cassou.

"L'état du vortex polaire d'aujourd'hui ne renseigne aucunement sur la rigueur de l'hiver à venir, au-delà de début décembre", avertit le chercheur. Se baser sur la température d'un jour de décembre pour déterminer le climat de l'hiver entier, comme le suggère la publication, n'a donc "aucun sens", souligne Fabio d'Andrea, directeur adjoint du Laboratoire de météorologie dynamique à l'Ecole normale supérieure. Pour des prévisions à plus long terme, à l'échelle de la saison, la mise en place de modèles probabilistes complexes est nécessaire et doit prendre en compte de nombreux facteurs comme "la température des océans, l'humidité des sols, la surface couverte par les glaces", précise le climatologue.

Quelle météo pour cet hiver ?

Contacté par franceinfo, Météo France prévient que, dans ses prévisions, des "températures conformes aux normales sont attendues à l'échelle du trimestre" et assure que "contrairement à différents articles publiés dans la presse ces derniers jours, aucun modèle ne privilégie un scénario avec des températures inférieures aux normales de saison". Des prévisions qui toutefois n'excluent pas la survenue potentielle d'une vague de froid cet hiver. Elle sera alors causée, insiste Christophe Cassou, "par d'autres mécanismes" que ceux décrits par Heinrich Leopold comme "le jet stream [ou courant-jet, un couloir de vent qui traverse le globe d'Ouest en Est], l'état océanique ou l'influence des activités humaines."

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